Le cannabis peut-il inhiber les parasites dans ton intestin ?

Le cannabis est utilisé depuis des milliers d’années pour diverses applications médicales, du traitement du cancer du sein à la lutte contre l’épilepsie, mais sa consommation pourrait présenter un autre avantage pour la santé.

Des chercheurs de l’université d’État de Washington ont découvert que les tribus de chasseurs-cueilleurs qui fument du cannabis sont moins susceptibles d’être infestées par des vers intestinaux. La tribu, un groupe pygmée appelé Aka, vit dans le bassin du Congo et constitue l’un des derniers groupes de chasseurs-cueilleurs au monde. Sur les près de 400 adultes Aka interrogés, 70 % des hommes et 6 % des femmes consommaient régulièrement du cannabis (les femmes de la tribu s’abstiennent apparemment de consommer régulièrement du cannabis car elles pensent que cela peut nuire à leur fœtus si elles sont enceintes). Alors que 95% du groupe était infecté par des ankylostomes et des ascaris, les consommateurs réguliers de cannabis avaient beaucoup moins de parasites que les non-consommateurs.

Pour citer les chercheurs :

« La charge vermineuse était significativement corrélée négativement avec le THCA, ce qui correspond à l’hypothèse de l’utilisation de médicaments chimiothérapeutiques. »

Il est également intéressant de noter que les utilisateurs de cannabis à forte dose étaient moins enclins à se réinfecter après avoir été traités avec un vermifuge pour les parasites un an plus tard. Les membres de la tribu ne semblent pas s' »automédicamenter » consciemment pour éloigner les parasites, mais les chercheurs pensent que leur « envie » de cannabis peut néanmoins être déterminée biologiquement. Ed Hagen, l’un des coauteurs de l’étude, a déclaré : « Tout comme nous avons un goût pour le sel, nous pourrions avoir un goût pour les toxines psychoactives des plantes parce que celles-ci tuent les parasites. »

Dans une étude de 2018, des chercheurs ont découvert que les vers parasites comme les mammifères possèdent un système endocannabinoïde qui peut aider le ver et les hôtes qu’il infecte à survivre en réduisant la douleur et l’inflammation chez l’hôte, selon une équipe interdisciplinaire de chercheurs. La recherche, menée dans un modèle de souris, identifie les voies de signalisation cellulaire associées au système endocannabinoïde qui pourraient être ciblées pour développer des traitements thérapeutiques visant à éliminer l’infection par le ver ou à améliorer les résultats de l’infection.

« Au cours d’une infection par un ver, l’intestin de l’hôte produit ces molécules semblables au cannabis, peut-être comme un filet de sécurité pour atténuer la réponse à la douleur », a déclaré Nicholas V. DiPatrizio, professeur adjoint de sciences biomédicales à la faculté de médecine de l’UCR et codirecteur du projet de recherche. « Ce que nous avons découvert maintenant, c’est que les vers produisent également ces cannabinoïdes naturels tout au long du processus d’infection et surtout lorsque les vers pénètrent dans la peau, ce qui atténue encore la réponse à la douleur de l’hôte. »

Le système endocannabinoïde est présent chez tous les mammifères, mais des études récentes suggèrent qu’il pourrait être encore plus primitif. Par exemple, une étude a rapporté que les champignons de la truffe noire produisent de l’anandamide, un type d’endocannabinoïde, peut-être comme un mécanisme pour attirer les cochons truffiers, qui mangent les truffes et répandent leurs spores. Le ver C. elegans possède également un système endocannabinoïde qui pourrait servir à réguler sa consommation de nourriture.

DiPatrizio, un physiologiste spécialisé dans la recherche sur les endocannabinoïdes, a déclaré :

Ce système est connu pour atténuer les réponses à la douleur. Lors d’une infection par un ver, l’intestin de l’hôte produit ces molécules semblables au cannabis, peut-être comme un filet de sécurité pour atténuer la réponse à la douleur. Nous avons maintenant découvert que les vers produisent également ces cannabinoïdes naturels tout au long du processus d’infection et surtout lorsque les vers pénètrent dans la peau, ce qui atténue encore plus la réponse à la douleur de l’hôte. Ce phénomène est bénéfique pour le ver, car si l’hôte pouvait reconnaître ces parasites, il réagirait et les tuerait. Il s’agit d’une voie de signalisation pro-survie dans l’organisme qui pourrait présenter un avantage thérapeutique dans le traitement des infections par les vers.

Qu’est-ce que cela signifie pour tous les consommateurs de cannabis ? C’est simple : la prochaine fois que quelqu’un vous demande pourquoi vous consommez du cannabis, répondez simplement que vous êtes biologiquement contraint de prendre des mesures préventives contre les vers intestinaux. Personne n’aime les vers intestinaux.

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